Avez-vous lu Nicolas Sarkozy ?
Quelques lignes du président à lire au moment où nous discutons de l’orientation en vu des prochaines élections dans l’établissement.
Nous rappelons, dans un autre article, l’existence de l’AERES, et il ne faut pas négliger certains aspects des orientations d’application des dispositifs qui sont donnés dans la lettre de mission de la Ministre.
Pour la section du Snesup Evry, les moyens de contrer les orientations les plus libérales de cette politique sont liés à la capacité des personnels et des usagers à les contrer par des luttes, mais aussi à notre capacité à les contrer au quotidien sur le terrain de la gestion. La manière dont nous serons capables de mesurer tous les enjeux, d’utiliser au mieux tous les leviers, y compris ceux que nous donnent la loi, pour maintenir une orientation de l’université à laquelle nous croyons seront déterminants.
Dans un contexte de concurrence dans lequel nous percevons bien que chaque université tente d’utiliser ses forces et ses atouts, nous ne sommes pas les mieux placés ni les plus forts.
Nos seuls atouts ne peuvent qu’être la lucidité sur notre situation et une très forte cohésion pour affronter les difficultés qui s’annoncent. La première lucidité est de savoir que nous ne devons compter que sur nous même si l’on en juge par les attitudes de nos collègues, partenaires et camarades dans l’opération du PRES Paris Est. Au-delà des solidarités de tribune, la machine du chacun pour soi est en route et à ce jeu nos grands voisins et Paris centre ont plus de moyens que nous.
Le piège est de se laisser enfermer dans trois discours
1) Celui de la dénégation, de l’ignorance des changements qui se sont déjà produits et ont bouleversé l’Université dans son ensemble et la notre en particulier. D’un refus de façade de la loi et des autres dispositifs qui contribue à nous désarmer face à l’offensive libérale.
2) Celui qui consiste à se réfugier dans un modèle passéiste et idéal d’une université plus mythique que réelle
3) Le discours lénifiant et autiste qui masque les difficultés derrière un verbiage pédagogisant et béatement optimiste
Si nous poursuivions dans ce sens nous risquerions rapidement de nous retrouver dans la situation de ces émigrés de retour en France après la chute de l’empire et qui n’avaient rien voulu ni apprendre, ni comprendre des bouleversements qu’avait connu le pays ; ils ont été balayés !
Nous ne pouvons donc pas nous contenter d’une rhétorique de l’optimisme de la volonté, il nous faut ajouter une très forte dose de pessimisme de l’intelligence.
Pour illustrer notre propos nous proposons de décortiquer une partie de la lettre de mission qu’adresse le Président de la République à la Ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur. Vous trouverez l’ensemble du document avec le lien ci-dessous :
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/02/34/72/l-mission-pecresse-sarkozy.pdf
Il est essentiel (il faut tout faire pour) que les jeunes Français s'orientent vers des formations qui correspondent à leurs projets personnels
Classique, le choix est maintenu
, à leurs talents,
La vieille théorie des dons, ils sont plus ou moins aptes
mais aussi à l'exigence d'une insertion professionnelle réussie.
Voilà la clef, on veut bien laisser une part au choix, classique pour les mieux dotés, au risque pour ceux qui pensent avoir un talent, mais pour l’essentiel il faut viser une profession.
A part la frange des familles d’héritiers qui ont le choix et le temps et des petits bourgeois qui pensent que leur fruit a du talent (des dons !) l’idée d’une insertion professionnelle réussie sonne bien à l’oreille d’une grande majorité de parents et d’étudiants. Voilà la base posée pour s’assurer une majorité d’opinion pour appliquer la suite.
C'est pourquoi vous allouerez les moyens attribués aux établissements d'enseignement supérieur en fonction de leurs résultats en matière d'accès de leurs étudiants au diplôme et d'insertion de leurs diplômés sur le marché du travail.
C’est clair, ils ont même pensé à contourner la bonne vieille méthode soviétique :faire du chiffre à n’importe quelle condition (ex au bac ou recevoir 100% des présents à l’examen comme dans certaines filières de l’université !), par une clause terrible : on mesure l’insertion des lauréats dans la vie active !
Et là dessus soyons clairs, les financiers du ministère qui ne sont pas des pédagogues à cervelle légère ne partent pas de rien, il y a des études solides et quantifiées sur l’insertion en fonction des filières en dehors même des productions locales des observatoires.
Tout le monde sait aussi faire la différence de qualité d’insertion quand les titulaires de masters ou les docteurs terminent animateurs ou instituteurs, métiers bac+2 ou Bac+ 3, et il n’est nul besoin d’un doctorat d’économie pour comprendre là où il faut supprimer les financements.
Nous pouvons multiplier les exemples et nous demander si nous tiendrons longtemps en demandant des financements et des primes d’encadrement doctoral pour des doctorants majoritairement titulaires de bacs d’avant 1968 !
Tient-on sérieusement avec des diplômes de master un peu bourrés avec des étudiants étrangers qui ont eu leur bac dans les années 1990, c’est à dire il y entre 8 et 10 ou 15 ans pour des diplômes à bac+5 ?
Un clic et chacun sait, que n’importe quel administratif du ministère, et donc les politiques savent tout de la population de chaque université et que les stratégies de chaque filière sont fort lisibles quand on veut lire.
Sarkozy ne s’embarrasse pas avec les discours sur ce qui est professionnalisant ou pas, il va au résultat, c’est le critère le plus pertinent !
La clé de cet objectif réside dans l'évaluation des établissements d'enseignement supérieur, que vous devrez mettre en place et rendre publique.
Et l’on retombe sur l’AERES et sur les dispositifs de la loi nous demandant de nous doter d’instruments d’évaluation.
Une stratégie intelligente de notre part serait sur ces sujets de rompre avec les discours de niveau inspecteur de l’éducation nationale et autres âneries idéologiques de l’encadrement subalterne.
Le réalisme doit nous conduire à nous doter d’outils performants pour un pilotage stratégique et à les utiliser
Naturellement, l'évaluation de chaque université devra tenir compte des caractéristiques de la population étudiante inscrite dans l'établissement.
Ces données deviennent stratégiques, l’à peut prêt n’est plus de saison. De leur côté faisons leur confiance, ils sauront trouver le meilleur angle d’analyse pour financer au plus juste. Il faudra nous armer pour répondre et négocier.
Notre seul espoir pour que tout continue comme avant, c’est que, comme souvent dans le sorkosysme, l’effet d’annonce vaille action. Les risques pour notre train train c’est :
1) qu’il soit sérieux,
2) ou qu’un furieux de son équipe s’empare de ces thèmes
3) ou plus grave pour nos habitudes que l’idée que nous rendions des comptes à la société qui nous finance devienne une exigence sociale.
Ce dernier point ne saurait nous contrarier au Snesup Evry puisqu’il est dans la droite ligne de ce que nous pensons, mais au lieu d’une université démocratique rendant effectivement des comptes au citoyen contribuable, nous risquons avoir un des modèles décrit ci dessous !
Quelques exemples :
http://wb.attac.be/Vers-l-universite-de-marche-Essai.html?artsuite=0
http://usinfo.state.gov/journals/itsv/1105/ijsf/wagner.htm